S'alimenter est indispensable. Avec la respiration, c'est l'une des fonctions primordiales pour le maintien
de la vie...
Correctement pensée, c'est l'une des meilleure chose que l'on puisse faire pour
évoluer, grandir, et se maintenir en bonne santé.
Malheureusement, avec l'évolution de la société, c'est aussi devenu
la pire des choses pour
beaucoup d'êtres humains qui ont perdu toute "mesure", et qui ont un rapport à
la nourriture complètement faussé, perturbé.
De nos jours, à quoi correspond la nourriture ?
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Depuis l'apparition de la vie sur Terre,
et jusqu'à nos jours, pour TOUTES les espèces
animales sans aucune exception, et encore de nos jours pour la plus grande partie de
l'humanité, 90% des préoccupations, des activités, des grandes "raisons de vivre" des
satisfactions et des plaisirs, tournent autour de deux grands besoins ou pulsions : la
recherche de l'alimentation, et la sexualité.
Les pulsions sexuelles sont impérieuses, peuvent être violentes, et conduire à des
comportements très agressifs, mais (sauf chez certains humains dont le psychisme est
perturbé), elles sont en général "épisodiques", contrôlées, et limitées dans le temps,
limitées à des saisons, limitées à des périodes de la vie... (voir
"Les Lois de la Vie")
La recherche de la nourriture, le besoin de manger, lui, est un besoin fondamental,
un souci
perpétuel, une nécessité absolue, présente de la naissance à la mort.
Au fil de l'évolution de la vie, ce besoin, ce souci a évolué. De primordial et vital qu'il
était au début de l'apparition de la vie sur Terre (ce qu'il est encore pour la grande
majorité des espèces animales), pour l'homme, avec l'apparition et l'évolution de
l'agriculture, de l'élevage, puis des technologies modernes et le développement anarchique
de la "civilisation", il a pris d'autres aspects : satisfaction, symbole de richesse, de
puissance, plaisir... refuge..
Le souvenir inconscient des grandes famines et des disettes du passé à chargé la nourriture
de symboles émotionnels, puis la recherche du profit ne respectant rien, ont fini par
fausser complètement la notion même d'alimentation.
► Le Docteur Vincent Dodin, psychiatre, professeur agrégé de psychiatrie et spécialiste des
dépendances au Centre hospitalier Saint-Philibert de Lille, écrit dans son livre :
"Comprendre l'anorexie" - (Vincent Dodin et Marie-Lyse Testart, Éditions du Seuil, France,
2004.)
"Nous vivons dans une société qui produit tout ce qu'on peut désirer, même avant qu'on ait
désiré quoi que ce soit. La consommation est devenue outrancière. C'est ce que nous
appelons une "société placentaire". Une société qui nourrit les individus en
permanence, qui les gave de toutes sortes de façons : divertissements, jeux, biens de
consommation, confort, aliments, tout ! Nous sommes, peu ou prou, des toxicomanes de la
consommation." |
De nos jours, on peut résumer à 4
les grandes raisons qui nous poussent
"à manger" :
Raison essentielle, primordiale, toujours la plus évidente, la plus fondamentale.
La seule raison réelle de nous nourrir est d'apporter à notre corps, à notre organisme, les
éléments fondamentaux essentiels, les briques et le ciment pour qu'il puisse se construire,
se développer, et le "carburant" indispensable pour qu'il puisse fonctionner, bouger, être
actif, se développer... Et tout simplement VIVRE
Pour cet objectif fondamental, même si sur le plan santé, les règles de la
diététique et le rapport à la
nourriture sont importants, thèoriquement, la quantité, le volume, le poids, le goût du "bol alimentaire"
ne comptent pas.
Seule compte la qualité. C'est la "nutrition cellulaire". Elle est composée de
protéines, de vitamines, de minéraux, et de certains éléments
qui ne doivent être présents qu'à des doses infinitésimales.
Cette "nutrition cellulaire" sera extraite, distillée, de notre alimentation par la
digestion. Peu importe à notre organisme la quantité ou le goût des aliments consommés,
seules importent la qualité et la quantité exacte et correcte des "nutriments" que cette alimentation va fournir à l'organisme.
La recherche de ces nutriments absolument indispensables à la vie est la seule, l'unique et véritable raison pour laquelle la nature a créé le besoin, les réflexes, les "désirs"
incitant les êtres vivants à rechercher de la nourriture.
Malheureusement, de nos jours, la "qualité" de notre alimentation s'est totalement dégradée
et est devenue déplorable.
L'homme moderne semble avoir "oublié" cette raison principale de
se nourrir pour privilégier son plaisir et ses fantasmes...
2 - Deuxième raison : se rassurer.
Au fil des millions d'années d'
évolution, les êtres ont souvent été confrontés à des
périodes de disette, de famines... il en est resté un souci inconscient de "manquer"...
d'autre part, comme moyen de contrôle, la nature à créé le sentiment de "satiété"... Nos ancètres, n'avaient
qu'une vague notion de "diététique", de vitamines, minéraux et autres nutritments. Leurs préoccupations étaient
d'avoir suffisamment "à manger" (et les aliments du passé étaient de bien meilleure qualité nutritionnelle
que de nos jours), et de remplir l'estomac pour ne plus avoir de sensation de Faim.
Avoir l'estomac bien plein laisse supposer qu'il y a assez d'aliments pour fournir les
nutriments nécessaires...
Pour beaucoup de personnes, dans bien des populations, du souvenir inconscient des grandes famines du passé, il est resté une crainte de manquer.
Avoir l'estomac plein rassure, sécurise...
Encore de nos jours, dans la plupart des familles, "faire un bon repas" n'est pas synonyme de
qualité, mais de quantité de nourriture avalée...
Quand on invite des amis, il faut que
la table soit "riche"...
Là, ce qui compte, ce n'est pas la qualité, ce n'est pas la teneur en nutriments, c'est bien sûr un peu le goût,
mais c'est surtout le volume, c'est la quantité... Le travailleur de force est rassuré de se sentir "l'estomac plein", même si cette nourriture est d'une pauvreté lamentable et très lourde à digérer...
A ce sujet, je me souviens d'une anecdote : nous étions en expédition dans les Andes, et nous préparions
l'ascension du Huascaran, sommet important, culminant à 6900 mètres, ascension qui se fait en 5 jours. Le dernier "bivouac" d'altitude se fait à 5900 mètres. C'est physiquement éprouvant.
Nous étions 12 au départ, et la presque totalité des participants avait une certaine crainte de ne pas réussir. Leur hantise pendant les jours précédents, a été de se "gaver" de nourriture... "Il nous faut de bons beefsteak si nous voulons réussir"...
Finalement nous ne sommes arrivés que deux au sommet, tous ceux qui se sont "gavés" n'ont
jamais dépassé (au mieux) que le dernier bivouac... |
Il faut savoir que la quantité d'alimentation n'a AUCUN intérêt, et qu'un excès est
TOUJOURS une surcharge inutile et préjudiciable pour l'organisme.
Seule la qualité compte, la richesse en nutriments essentiels.
DANGERS =
- La digestion d'une alimentation trop riche, trop abondante et /ou inadaptée consomme
beaucoup d'énergie, provoque des fatigues et des troubles de la santé.
- On risque d'avoir l'illusion d'être "bien nourri" (on a "bien mangé !!!") alors que de
nombreuses carence (et excès) peuvent exister.
- Ce genre d'alimentation comporte généralement beaucoup trop de graisses saturées et de
sucre.
3 - La troisième raison de s'alimenter est le plaisir.
Au fil du temps, et au fur et à mesure que l'homme (surtout dans les couches "privilégiées"
de la société) a été assuré de ne plus subir de disettes et de famines, les besoins basiques
étant assurés, il s'est de plus en plus intéressé à la recherche de raffinements, de goûts
subtils...
Les plaisirs de la table sont devenus l'une des valeurs sûres des épicuriens.
Mais le plaisir de la table, le vrai plaisir épicurien est uniquement basé sur le goût.
Ni la quantité, ni la qualité nutritive n'ont d'importance...
► DANGER =
- un produit "jouissif" pour le goût, peut être un véritable poison, et amener les mêmes
problèmes qu'une alimentation trop abondante...
- ce genre d'alimentation est en général trop riche en sucre, en alcool, en graisses, et
provoque des dépendances
- très souvent la cuisson est trop importante, souvent trop grillée...
voir "cuisson des aliments"
Sous couvert de "convivialité", il ne faut pas oublier que le plaisir de la table est avant
tout un plaisir solitaire, même s'il est partagé, même en présence de "convives"...
4 - Quatrième raison : La nourriture refuge
Les troubles alimentaires - manger trop, trop peu, de façon compulsive, irrégulièrement ou
avec culpabilité - qu'ils soient graves ou légers, s'apparentent à une dépendance à
une drogue, à une substance ou à une activité. Ils sont très souvent la conséquence de problèmes psychiques,
émotionnels, relationnels, parfois provenant de l'enfance.. les personnes ne trouvant aucune solution,
se réfugient soit dans un excés de nouriture, soit au contraire dans le refus de s'alimenter.
Ces troubles sont généralement inconscients ou volontairement occultés.
On qualifie de troubles alimentaires toutes sortes de rapports malsains avec la nourriture.
Ils peuvent être graves et considérés comme de véritables maladies, ou bénins, mais
néanmoins très débilitants.
Les maladies graves sont l'anorexie, la boulimie, et maintenant l'orthorexie, troubles
qui se rencontrent souvent en alternance chez une même personne.
- L'anorexie va du refus de s'alimenter suffisamment à une restriction alimentaire intense.
- La boulimie est une attitude compulsive face à la nourriture, caractérisée par des
moments de crise où la personne ingurgite des quantités phénoménales de nourriture que,
dans la plupart des cas, elle tente ensuite d'éliminer en provoquant des vomissements.
- L'orthorexie est la crainte perpétuelle de consommer des aliments qui
ne seraient pas "bons" pour la personne. Ce qui pousse ces personnes à vouloir absolument TOUT
contrôler, étudier les étiquettes à la loupe, chercher à déceler le moindre "additif" ou ingrédient
non conforme à leurs croyances. A terme ces personnes finissent par exclure de leur alimentation de plus
en plus d'aliments, finissent par être extrêmement carencées, et s'interdisent toute vie sociale, car
"chez des amis", elles ne peuvent pas contrôler la composition des aliments proposés...
Les troubles alimentaires moins dramatiques à première vue sont beaucoup plus répandus.
Parmi ceux-ci, on retrouve les hyperphagies, qui sont divers comportements qui mènent
à ingérer une quantité d'aliments disproportionnée avec ses besoins ou même avec son appétit,
que ce soit en consommant trop de nourriture aux repas ou par grignotage continu.
Les hyperphagiques recherchent en permanence la satiété, certains focalisant sur le
sucré,
d'autres sur le salé et d'autres encore sur les deux.
Un autre trouble relativement fréquent est le comportement alimentaire chaotique. Il
consiste en un dérèglement total des rythmes alimentaires, et des horaires de repas. Dérèglement qui empêche
l'horloge biologique interne de réguler la faim et la satiété. Il donne lieu à des excès de
toutes sortes.
Le problème se complique d'autant que nous vivons dans une société beaucoup trop permissive,
où les codes stricts ont disparu. Or, le processus de l'alimentation possède ses lois
naturelles qui sont nécessaires à la santé.
Un trouble alimentaire c'est, justement, de ne pas pouvoir respecter ces lois.
Très important : La rééducation
alimentaire :
Il faut réapprendre à manger.
En dehors de la mise en place indispensable d'une
diététique adaptée au problème, il
faut réapprendre à comprendre les signaux que nous envoie notre corps, réapprendre à
observer et respecter les grandes "Lois de la Vie".
- La première des choses à faire est une véritable rééducation des goûts.
Réapprendre la véritable saveur des choses, revenir à des goûts simples et naturels, arrêter
de rajouter du sucre, du sel, des condiments artificiels...
- Il faut également travailler sur l'histoire personnelle et familiale : comment
la personne s'est construite au sein de sa famille, le type de relations qu'on y trouve,
les traumatismes qu'elle a vécus... Il s'agit de découvrir ce qui fait que la vie de la
personne est ce qu'elle est aujourd'hui. Il faut parfois établir l'arbre "psycho-généalogique"
de la famille.
C'est primordial, parce que c'est dans l'histoire familiale que repose la clé du problème. Surtout dans l'histoire non dite.
Forcément, dans certains cas, la thérapie s'adresse non seulement au patient, mais également à sa famille.
- Il faut essayer de reconstruire une image positive du corps (voir
"Votre image"),
réapprendre (ou simplement apprendre) à aimer son corps, son apparence physique...
Pratiquement toutes les personnes souffrant de troubles alimentaires détestent leur corps,
elles en ont honte et veulent même, dans le cas de l'anorexie, le faire disparaître.
- Il faut reprendre contact avec la réalité du corps, remettre la personne en contact
avec des sensations physiques normales, reprendre une véritable
activité physique où la
personne doit prendre du plaisir (peut-être pas tout de suite, mais assez rapidement),
pratiquer les soins esthétiques, le Qi Gong, le jeu, la danse...
"Dans les cas extrêmes, il y a plein d'activités normales et saines que ces personnes n'ont
jamais explorées et qu'elles sont complètement incapables d'accomplir : sortir avec
des amis, fréquenter des lieux publics, faire du sport... Plusieurs ont développé des
phobies comme la peur d'aller acheter des vêtements. Une fois que leurs symptômes ont été
réduits, ça laisse un grand vide dans leur vie qu'il faut combler par des comportements
plus adaptés sous peine de rechute". |
Il est extrêmement important de redonner du sens à son existence. Ne plus rester enfermé
chez soi, devant la télé, à manger en se disant qu'on est trop moche pour sortir. Il faut
retrouver l'expérimentation de tout ce qui est bon, agréable et positif dans l'existence.
Il faut faire un important travail sur l'estime de soi, et faire de nouveaux projets de vie.
Il faut réaprendre à s'aimer.
"La vie quotidienne est faite d'une suite d'actes que la majorité des humains ont l'habitude de considérer
comme très ordinaires. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que ces actes qui sont absolument nécessaires
pour subsister, on peut les transposer dans le plan spirituel et atteindre ainsi les degrés supérieurs de
la vie.
Prenons l'exemple de la nutrition. Ce qui est essentiel dans la nourriture, ce ne sont pas les aliments
eux-mêmes, mais les énergies qu'ils contiennent, la quintessence emprisonnée en eux, car c'est là qu'est la vie.
La matière de l'aliment n'est qu'un support. À travers cette matière, c'est la quintessence que nous devons
chercher à atteindre, afin de nourrir aussi nos corps subtils. Considérer que nous mangeons pour nourrir
seulement notre corps physique est une erreur; nous mangeons pour nourrir aussi notre coeur, notre intellect,
notre âme et notre esprit."
Omraam Mikhaël Aïvanhov
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